dimanche 1 octobre 2017

Introduction ,origine . et canchon d' Avesnes à ses débuts ;

                                                                       Le patois 

Un langage très ancien et qui à subi de tout temps une somme incalculable de vicissitudes ,en vertu de la sacro sainte unité  française mais qui fut quoi qu'on en dise la langue d'un peuple .
Dès 1589 ,l'édit de villers Coterets oblige les juges à employer le français dans l'ordonnance d'administration de la justice de rédactions des actes notariés et d'établissement de l'état civile . la création de l'académie Française par Richelieu porta également un coup aux dialectes en général . A la renaissance et notamment sous le règne de Louis XIV ,le français s'épura ,mais le peuple restera fidèle à ses habitudes de langage . alors s'opéra une scission entre "les parler de la bonne compagnie " et les dialectes populaires .
A la révolution des lois de l'assemblée constituante et de la convention établie pour promouvoir et développer partout l'enseignement du Français . Sous Jules Ferry ,l'organisation de l'enseignement primaire , puis plus près de nous ,son obligation jusqu'à seize ans obligent les jeunes ruraux à abandonner le langage du terroir .
Les récentes évolution des technique agricoles est également un élément important de la disparition du patois .Un Cheval était un "qu'vau" , un tracteur restera un tracteur . Pourquoi conserver le nom des objets alors qu'ils ont disparus ?? 
Cette disparition progressive de notre "langue" ne manque pas ,au cours des derniers siècles d'inquiéter les traditionalistes qui convenaient dès lors ,à la façon des collectionneurs d'objets anciens et avec le même esprit ,de recueillir  précieusement ces derniers aspects de la façon de parler de nos pères .
Au XVIII ème siècle ,Mr Harduin alors secrétaire de l'académie d'Arras entreprit de reproduire les formes de langage propres aux populations Artésiennes . D'autres travaux lut de cette même académie par Cauwet de Basly portait sur le patois nommé "rouchi" en 1777 et "sur le langage Artésien" en 1780.
En 1790 ,l'abbé Grégoire  rédigea un questionnaire qu'il fit répandre dans toutes les provinces . Un grand nombre de réponses y furent faites . En ce qui concerne l'Artois ,c'est le chanoine Hennebert qui se chargea de sa rédaction . Il faut remarquer ici,que dans l'esprit de l'abbé Grégoire et de ses correspondants "les patois étaient sur le point de disparaître et qu'il serait intéressant de jeter sur eux un dernier regard".
L'abbé Hennebert constatait d'ailleurs que "le patois était beaucoup moins commun depuis 50 années ,le langage du peuple et du paysan s'étant dégrossi" . Mais les parler locaux avaient la vie dure et le 7 novembre 1792 ,on était encore obligé d'organiser au ministère de la justice ,des bureaux pour traduire les lois en langue allemande,italiennes,basque ,et bas bretonne .
En 1794 , l'abbé Grégoire lui même reconnaissait dans le texte d'un rapport sur l'instruction publique que "six millions de Français ignoraient complètement la langue nationale et que six autres millions étaient incapables de soutenir une conversation suivie " .
En 1807 Champagny ,duc de Cadore et ministre de Napoléon Ier s'adressa à tout les savants de bonne volonté pour les engager à traduire "la parole de l'enfant prodigue " chacun dans le patois de son pays .
Cette idée fut reprise pour nos contrées par l'abbé Haigneré . En 1810 Henry dans son essai sur l'arrondissement de Boulogne avait déjà dressé un vocabulaire des mots patois du Boulonnais ,dérivés de la langue celtique .
Vers le milieu du XIXème siècle ,les patois régionaux ont aussi appelé l'attention de Mr Pierre Legrand à Lille ,de Mr Louis Vermesse et de l'abbé Coblet à Amiens . Vers 1890 ,Mr Jouancoux publie un dictionnaire du patois picard et Mr Lelesle une étude sur le langage Artésien . Mr Edmond Edmont  laissa ensuite un travail remarquable sur le Ternois  .D'autre travaux plus modestes ,mais s'inspirant toujours des mêmes soucis ,se firent jour  ,comme" le patois que j'ai parlé"  par Aristide Detoeuf de Magnicourt sur Canche . plus récemment ,un important travail réalisé sur un plan plus général ,par Mr Raymond Dubois de Sus Saint Léger et le professeur Loriot de la faculté de Dijon .
Maintenant que nos patois sont pratiquement inusités ,nous nous prenons à les regretter et il font l'objet pas seulement de notre sollicitude ,mais aussi d'un enseignement "avant la lettre" . Parmi les idiomes qui ont pu laisser des traces dans le patois régional ,on s'attend à trouver le CELTIQUE . Pourtant ces débris sont peu apparents et à peine les devine -t-on dans quelques racine de mots .
Exemple : Kar ou Kal ou Gar ou Gel = caillou ,ce qui donne Calimont (St Pol), Gauchin le Gal ,le Galtoire (noyelle Vion ) , Le fond Galant  (Avesnes le Comte) . Le plus souvent d'ailleurs dans les toponymes . Cette rareté s'explique semble t-il par le fait que la Belgique seconde ,notre pays appartint plus au monde germanique qu'au monde celtique . Malbrancq ,un précurseur ,pense que le tudesque (germanique) avait prévalu au VIIème siècle dans nos contrées ,alors que cette période est plus généralement caractérisée par le bilinguisme . 
Quoi qu'il en soit ,la civilisation latine de laquelle notre langage se réfère en partie ,à subi successivement les apports germaniques pour donner le roman puis ,pour nos régions ,le picard .
La croyance populaire prétend trouver des vestiges de l'occupation Espagnole ,il n'en est rien .
Quand l'Artois subit la domination Espagnole (traité de Madrid 1626),la langue régionale y était partie depuis plusieurs siècles . Une seule réminiscence Espagnole paraît être citée . "Agozille" (personnage peu recommandable) de l'Espagnol alguazil" (gendarmes) lui même de l'arabe "al wazir" (le chef) .
Quand au latin ,nous le retrouvons à chaque pas dans ses étymons et dans ses formes .
                                     Du Gaulois :

"Rétramer" ; de stramen ,paille de litière 
"Avoir caire " de carum habere (aimer)

Le gaulois à laissé quelques souvenirs :
"Gaquelle" ; de jachère (de gansko) : branche 
"Virole "  : douille de vira : bracelet 
"ebrouer " : commencer la lessive ,de broeyen : échauder 
"Riper" : frôler de rippen ; tirailler 
francisque , langues d'insasion ,latin .
"Ajouquer" : accroupir de jok ; joug 
"clinque"  : clenche de clinka
"crupe" : dos rond de Kruppa
"Garbée" : gerbe de blé battu de garba .

Le vieux Français fournit également un fort contingent au picard au point que l'on peut se demander lequel des deux à influencé l'autre .Cette influence porte surtout sur les désinences ,les radicaux restant souvent intacts .
Peut être pourrait-on attribuer ceci aux difficultés de se plier aux modifications grammaticales ..L'onomatopée et l'image sont aussi de grands moyens de se faire comprendre . On pourrait croire que les mots manquent mais nous croyons que cette prédilection pour la métaphore est au contraire la manifestation d'une finesse d'esprit . Le patois n'est pas employé par tous au même degré . Certains qui sacrifient au bon Français ,n'emploient que quelques locutions ,d'autres le plus souvent l'entremêlent d'autres encore ,de plus en plus rarement ,ne s'expriment que par lui .
Quand à la grammaire on ne la devine qu'à l'état rudimentaire ,cependant il faut noter que le subjonctif  y trouve encore sa place   ,alors qu'il devient ridicule en Français .
Il appartiendra désormais aux facultés de relancer l'étude de notre langage ,sans doute à partir des lointains trouvères artésiens qui au XIIème et au XIIIème siècle nous ont adressés ,ce fut , les origines écrites du picard .
Son étude ,confiée jusqu'à lors à une fidèle tradition orale ,passera et restera parmi un monde savant .
A ce titre ,on ne peut manquer d'évoquer l'image du vieux bahut ou de la vieille horloge qui ont quitté leur campagne d'origine pour orner le salon de quelque riche collectionneur .

                                                                                                                                  G.P 
                                                                                                                     (extrait Voix du nord)


                                                                  Nous écrivains 

Avin'n est riche ed 'sin parlache tout in patouo 
d'est s' n'accent ,d'est s'n'histoire ,d'ses conteux 
in l'arligant o verrez ,o r'treuvrez tout chlo
Pou s'avesnouos ,pou toudit et s'rappeler d'cheux
qui nou racante nou vie ,nou histoire ,ché si biau .

Or r'connaîtrez ichi Vahé Sébert et Ducroquet 
tout trouo pon d'carabistoules  ,ed sacré poètes 
o alleu l'vir din ch'langache  et ch's'écrits régugés
pon des nanals'phabètes mais des nanals pas bêtes
o pouvez core dire et toudis "qu'après Paris chez Avesnes"
et quand y ni pleut pon ch'est qui l'y cachène " .

                                                                   JP Laby .
                                                                                   
  (contact web) kakouette62@orange.fr




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                                                                  Note 

La chanson d'Avesnes semble apparaitre vers 1866 lors d'une cavalcade et fut écrite et surement chantée par un musicien  ou membre honoraire de la Cécilienne ,le document original n'est pas signé .
Cet air accompagne l'air du Gringnard que l'on retrouve dans les chansons de Pasquilles Lilloises de Mr Desrousseaux . Cette air semble venir de Suisse car il était connu et chanté par "les bons vivants" de Bâle en Suisse .
De là Mr Zéphir Bajus compositeur et éditeur à Avesnes le comte ,remixa si je puis dire cet air et en fit un arrangement  pour l'harmonie .
C'est à partir de là que naquit, et  ce qui allait devenir "el canchon d'Avesnes " que l'on chante toujours à l'heure actuelle .
Des paroles furent ajoutées par Léon Vahé et ensuite par  Pierre Sébert .



  Dans son dictionnaire du patois de la Flandre ou Wallonne  paru à Douai en 1867 ; L. Vermesse signale qu'autrefois les pharmacies mettaient à leur portes des têtes grotesques que l'on appelait  "graingnard d'apothicaire  "  . Graingnard , graignard ou encore grégnard semble dériver directement du vieux Français " Grignard " (XII et XIII ème siècle ) signifiant ; qui montre les dents qui rechine n qui est grimacant .                                   
                                                                https://youtu.be/HSIwd_jSrHg
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                                         El canchon d'Avesnes  de la cavalcade de 1866

Première apparition de ce qui deviendra 'el canchon d'!avesnes" lors de la cavalcade de 1866,ces  couplets furent écrits et dédiés à la musique . 
L'auteur de cette époque pourrait être un des membres des Rosatis ,société anacréontique fondée en 1778 le 12 juin à Blangy (Arras) .

                                                        sur un air du cousin Myrtil .

Refrain : 
Au temps anciens 
qu'un raisonnait bien 
en disant qu'après Paris ch' est  Avesnes 
au temps anciens 
qu'un raisonnait bien 
quand il n'y pleut pas ch'est qui l'y cachène .

Couplets :
1)
Aujourd'hui vous diriez que j'mens 
si je tenais de pareils propos 
vous allez voir en peu de mots 
que tout homme qui à du bon sens 
ne peut méconnaître 
la réalité
et qu'la vérité
ne peux disparaître 
et que c'qui était v'la quatre cent ans 
reste mieux debout qu'aucun monument .
2)
Je n'prétends pas vous faire accroire
qu'il n'éxiste pas d'endroit plus grand
je ne veux pas vous enfler de gloire 
ici vous l'ver au premier rang 
nous sommes pas deux mille
nous n'avons pas de porte 
nous n'sommes pas grande ville 
ni même une place forte
mais pour l'agrément et pour boire et rire 
faudrait aller loin pour n'pas trouver pire .
3)
dernièrement on s'est mis d'un l'tête
d'organiser une cavalcade 
aujourd'hui ch'est un jour de fête 
oh c'était l'cas d'faire une mascarade 
v'la qu'on fait une quête 
V'la tout l'monde s'y prête
on veux s'amuser 
on veux s'uparsser 
d'abord on s'enrôle comme pour  une armée
faut qu'avesnes soutienne la vieille renommée .
4)
chés notaires s'fichaient en colère 
on bradait leur papier marqué 
et plus d'une jeune ménagère 
a cru s'honneur bel et bien troqué
on courrait tout le jour 
on vivait la nuit
au son du tambour 
on s'est réuni 
pour être du beau sexe on ouatait ses côtes 
quasi qu'ils auraient brûlé leur culotte .
5)
l'jour venu j'fus bien hébahi 
d'vir colas et Jacqueline ichi
stationnant près des charlatants 
mais c'était pas pour mal aux dents 
car v'la bien vingt ans 
qu'l'un et l'autre est sans 
mais malgré leur âge 
ils ont du courage 
le luis dit Colas ,qué qu'vous dites ed ça ?
il répond m'in fieu ,ch'est si biau qu'Arras .
6)
Un dix sept cent quatre vingt treize  
quand Jacqueline à été déesse 
elle n' avait  pas meilleure figure 
qu'celle du char de l'agriculture 
et z'affaires pour rire 
comme ch'est guéritout 
ces gens gônes  ed'Chine 
ceux d'el noir surtout 
nulle part j'n'ai trouvé pareil agrément 
tellement qu'il était drôle leur divertissement .
7)
j'avais dit d'aller à Saint Pol
m'divertir à leur carnaval 
mais m'femme trouve que j'serais bien fort 
d'aller voir de telles bacchanales 
ils sont munis et d'chendres 
ils ont des vessies 
des fouets d'el roussie 
ils tapent à tout fendre 
j'répond vous iriez  quecque jours par chmin d'fer
compte la dessus qui m'dit et bois des l'iau claire .
8)
T'n'est Colas ,j'crois que vous radotez
et puis qu'il est jour vous trottez 
à votre âge en cette saison 
n'do ton pas rester à s'maison 
acoute qui m'répond 
pour venir à Avesnes 
mi pi cor Jacqueline
nous sommes toujours bon 
y a d'el crâne boisson ,y a des bons enfants
avec eux je me sens rajeuni de vingt ans 
9)
quand j'entends des jeunes musiciens
carillonner leurs airs nouveaux
on dirait oui je m'en souviens
que j'suis encore sous les drapeaux
avec eux au pas 
je suis la colonne
et puis je fredonne 
ah n'en riez pas 
pour se divertir il n'est cor qu'Avesnes
quand il ni pleut pas c'est qu'il y cachène .
10)
J'ai t'nu m'plache pour m'pas crever de rire
quand j'ai vu le roi d'Yvetot 
couronné d'un coton qu' j'admire
noblement campé sur janot
sa grande chevauche 
gaiement alentour 
pas d'arme qui cloche
dans l'heureuse cour
si j'étais cor jone ma parole d'honneur
d'un si bon monarque je m'fais serviteur.
11)
Fallais voir notre agriculture
vois Cérès et son personnel
sur un char de haute structure
voir Avesnes et son vieux lambel
et les jus pour rire
comme les guéritouts
des Chinois j'peux l'dire
des noceurs surtout
nulle part j'ai trouvé pareil agrément
tant qu'il était drôle leurs divertissements .
                                                                                                                               X.X
                                                                           (tiré d'un document original jamais édité )
                                                                .......................................
                                                               
                                                                   Deuxième partie

Paroles de Léon Vahé et adaptée en musique pour chant et harmonie par Zéphir Bajus

L. VAHE : né à Avesnes le 5 septembre 1858,décédé le 20 octobre 1924 .
Z. BAJUS : né à Avesnes le 4 juin 1860, décédé le 16 mars 1930, maire d'Avesnes d'avril 1925 à mai 1929 ,compositeur et éditeur de musique à Avesnes .

Refrain :
Au temps anciens in raisonneu bien 
in dijant qu'après Paris ch'est Avesnes
au temps anciens in raisonneu bien 
in dijant qu'après Paris ch'est Avesnes.

1)                  El qu'min ch'min .
Nou païs r'monte à chés romains
ch'est écrit sus chés parchemins
din ch'temps lo sus téroë d'Avinne
in véoyaitqué d'z'hêt et des quesnes
du côteu d'ch'est mers ch'étoët tout rindiaux
du côteu d'Arro gnavoët gramin d'iaux
din l'sin dé ch'vint d'biz ch'néteux qu'des crinconnes
et pis su l'midi rien qu'des barbaconnes .

2)                 El ville 
Tout nous ru ch'est comm'des boul'vards
in peu foir passer tout chés cars
gno des flots des puts d'chinquant'méttes
u qu'in treuv de l'iau cleure et nette
os'ont inn lairie in marqué couvert 
inn'gar des écol in ju d'pomm'bien vert
inn église bâti sous flipp roë d'Espagne
in viu catiau fort du temps d'Charlemagne .

3)               ch'l'histoire 
L's'invasions ont foët d'mi des goths 
des normands qui copoët chés cos 
qui brûloët les quats cuins del ville
et prindoët chés pu bell'é filles
après l's'espagnols pindant pud'chins ans 
ont foët din ch'païs el pleuv et biau temps 
plus tard es'ingleux fir vi't'tronner chés femmes
mais malgré tout ch'lo o vivons tout d'même .

4) 
                  incor ch'l'histoire 
après cop ch'éteu chés prussiens 
qui sont v'nus épeuter chés gins 
in 'muchoët ses meub'd'in chés boves 
et s'in nez au fond des's'z'alcoves 
n'varont pu d'sitot druchi ni drolo
car tout à chaquin prindeu sin fusique 
pour défend chés terr 'ed 'la république .

5)                   El peupe 
d'escins 'mins jamoué dinj'viu temps
inn savoët poët l'bout qui va d'van
in s'in vouët in quitoët el monne
et cha n'ergardoët poët personne 
au jour d'aujourd'hui gnin o quinz chins gins 
deus tro'chints porchiaux au moins deux chins tiens
des vacq'et des tors dés qu'vaux par douzonnes
et pour el surplus j'vas vous l'dire all'monne .

6)                  ch'l'arligion 
Nous tayons adorët des m'lons 
des carottes ou bien des oignons
Pi chés druid' aveu l'gui d'chés quesnes 
ont fait brair ch'es brav'gins d'Avesnes 
et gramin pu tard sous l'révolution 
in a mor fête el déesse raison
per 'Vaast d'Bavincourt fit queu d'cos d'utile 
in v'nant à chés viux prêcher  s'n'évangile .

7)                 Chés foirs et marqués 
Ed bon bur 'in foët d'puis toudi
in marqué tout chaq 'mercrédi
chés cinsiers 'rintt à leu villache 
querqués d'sous pour m'ner leu ménache 
deux fouëts tous les moués à chaq'marqué franc
i vient gramint d'bête et deux fouët par an
all foire à bell'fill ,al bell 'vaques
chés caret'sont plonnes à resteu in raque 

8)                Chés pompiers ,chés confrères .
D'chés pompiers et d'leu brigadier 
in nin pall din tout l'monne intier
in peut dire et qu'chest increuyape
cho qui pomp' quand y sont ...al tape 
chés confrèr'sont crainn y font leu malin 
pach'qui durt et d'puis l'empereur Chalé quint 
mais cha n'impêche poët qu'y crèv'chés berdouilles
quand y z'ont trop bu ed pintes et d'bistrouilles .

9)                 El musique.
El musique in est fin contint
quand al sorte et pi qu'in l'intind
in avant queurtt'té tous chés jonnes
in arrièr'toutt chés grand'personnes
a tous chés concours internationals
al à tant d'médall in or in métal
et pi poët des p'titt et pi poët des l'gères
qu'y foro deux hommes pour porteu l'bannière.

10)               Cho qui manque 
Gnin o d'toutt mais nous manque incor
bien des cos'qu'in freu aveu d'l'or
y fauroët des fontain'publiques
in hospice et l'gaz électrique
din tro quat chins ans in èro tout ch'lo
os chron morts tertous ch'est à momint lo
ch'est seul'mint adon qu'in diro d'Avesnes
"Quand y n'y pleut point ch'est qu'il y cachènne .

                                                                ........................................

                                                         Suite écrite par Pierre Sébert .

Pierre Sébert : membre des Rosatis d'Arras .
Les Rosatis ; société anacréontique fondée en 1778 le 12 juin à Blangy (Arras) .

                                               
                                                   Dédié à mes camarades prisonnier.

1)                      Nous prijonniers.
Ed pu tros ans qu'ous êtes partis
dins un camp perdu in All'magne
cha s'comprind équ'l'ennui vous gagne
dé n'pon r'vir vous si bon païs
patientez incore ayez du courache
in oins fort à vous car vous nous manquez
et soyez certains d'ertrouver vous plache
et jour ed vous r'tour que fameux banquet .

2)                    Ch'toubac
Chés feumeux y sont bien à plonne
ed vir rabacher leu ration 
i n'peut 'nt plus in feumer inn bonne
pour calmer leu maudit passion
et pis z'inspecteurs inn bien drôl d'équipe
vient'nt dins chés gardins foire el cornichon
mais ch'feumeux tout fier tout crân ' li répond 
"Bez faut 'ed toubac mi j'ai casseu m'pipe .

3)                   Chés restrictions .
In treuv'plus ed viand'comme in veut
et pou ch'bur ch'est cor grammint pire
quoi qu'faut foire y 'min vas vous l'dire
pour n'avoir po¨nt sin vint si creux
tout les jours y faut acateu l'gazette
dévorer chés tits ech roman feull'ton
et pis cor d'sin pouche in foire inn chuchette
a défaut ed viand'ch'est tout d'mimm 'fort bon .

4)                  Marqué noir .
es païer un bon bout d'bidoche
pour chés richs ech n'est pon sorcier 
quand un o d'el vaisseulle ed poche
in arrive à s'ravitailler
pour truver du burre n'in o rien d'pus simpe 
si au z'èts l'ami ed deux tros cinsiers
sinon y vous faut vous el'ver bien timpe
et partir aveuc des mass's'ed 'billets .

5)                   El ration d'viande.
ch'est sam'di ech boucher y donne
chint gramm's ed viande à chaque client
Ech n'est pon des mass's pour in'n s'monne
Mais cos rare inn'sanne equ'pus boën
Au matin du timp'déjo inn équipe 
Attint pour avoir in n'tit supplémint
Inn'guillade ed fi du coeur ou d'el tripe
Inn frigale ed viand si vous tombez bien .

6)                   El cuisine .
Que bon heur pour chés cuisinières
tous chés r'pos es font simplemint
Fini l'momint d'foir des manières 
Car y manque plus d'in inguerdient
In n'peut pus minger des pinm's ed terre frites
Ou alors y faut connoët in filon
Pour tertous et biau bout dins chés marmites
Car el crache al manque au fond d'ech caudron .

7)                  Chés cacheux d'burre.
Chaqu'matin gramint d'gins d'chés fosses
Arriv'nt aveuc nous tortillard
Gno surtout des finm's et des gosses 
Des jonn's fil's et minme des vieillards
Dins chés bonnés an's les vlo qui pourcachent
Queuqu'ézins ont am'né des p'tits sos d'carbon
Et sur el midi y travers'nt el  plache
Querqués d'pinm's ed terre ed bure ou d'gambon .

8)                 Retour à la terre .
Avant guerre ch'étoët difficile 
Ed truver in méchant varlet
In perdoët pour in imbécile 
Ech ti lo qui retouët houret
Personne enn ' voloët tirer in'litière
Ou bien s'il fagoët y bouchoët sin nez 
A ch't'heur tout l'monn veut travailler l'terre 
In cordiau dins s'man ou bien in fourquet .

9)                Chés gardins.
Pour avoir sin p'tit necessaire 
In o tertous sin cuin d'gardin 
Ech n'est pon toudis d'el boenne terre 
Mais tout d'minme in est bien contint
Ou somm's gardiniers vraimint à la pache
Fajons v'nir des choux d'ins des monts d'caillaux
Et ou cultiv'ront  bientôt des rindiaux
Ech marqué ç vaqu's et peut' êt  el plache .

10)                 Ech château d'eau.
Château d'eau té march's comme té peux
Tè m'donn 's pon d'el liau quand qu'té veux
Ett' bastrinque ed pompe all'ayonne
Et tout l'monne in réclame inn'jonne
Té nous laich's des foët pus d'huit jour sans iau
Et té manqu's de nous , ben ch'n'est pon fort biau
Carreu et massif t'n'est pus à la mote
Faudroët t'démolir pour in foire in aute.

11)                La culture .
La culture est in biau métier
ch'est miux qu'peinte ou bien qu' bernatier
Gnin o pus qu'des jux mécaniques
Et gramint march'nt à l'électrique
Gnin o des otiux qui vont au pétrol
Et juqu'a des gins qui march'nt à l'alcool
Gnin o des cariots à roul'mints à biles
Aveuc des bell's reull's comme automobiles .

12)                Chés cinsiers .
El moës d'aout est in sal'mommint
Pour chés qu'vaux mais poënt pour chés gins
Nous brav's cinsiers y font risette 
Vouo des sous quer'nt dins leu tinette
Y z'ont des masons comm'des p'tits catiaux
Y v'ont dins chés camps aveuc des cajiaux
y z'ont des écus à r'tourneu  à l'pelle
Ah ouais mes amis ils l'ont tertou belle .

13)                 Nous grands hommes .
Dins chés lett's et pis dins chés arts
Ou z'avons seu t'nir inn'bonn'plache 
quand il o in monneu d'courache
In villach' n'est jamoës in  r'tard
A Avesnes est né ch'n'est  poët in miraque 
In Napoléon qui vaut bien ch'premier 
Et Victor Hugot in gindarme qui saque 
N'doët rien à ch'poët dins l'sin du métier .

14)                Chés gindarm's .
Chés gindarm's des vrais cots à guêtes
Sont toudis su leu trinte et in 
Mais in 'sont pon tout l'temps à l'féte 
Car y pass'nt è des sal's momints 
Il arriv'des foës qui n'sont pon chés maites
Aussi in les voët pour ermett'leu coeur 
Intrer au bistrot u qu'ch'est qui vont mette
Dins leu bon tuiau inn fort boenne liqueur.

15)               Ech garchonpète.
A Avesnes gno in garchonpète 
Qui connoët fort bien sin métier
Qunq il o sin képi sus tête 
In l'perdroët pour in officier 
V'lo qui pass'dins l'rue tapant sus s'castrole
Chés gins à leu porte accout'nt chou qui dit
Et pis à chaque foës gnin o rien d'pus drôle
Tout l'monne ess raviss' personne n'o compris .

16)                 Chés marchands d'piaux .
Marchands d'piaux et marchand d'féralles
Ch'est l'ernommée ed d'nous païs
Y n'a queuqu'zins qui sont canalles
Tous chés z'aut's i vous païent el prix
A vélo ou bien aveuc inn carette
Y vienn'nt' é querqués pire equ' des baudeux
Aujourd'hui à Sars ed m'an à Nolette
Tous chés marchands d'piaux ah qui sont heureux .

 17)                 El 'corps médical.
Ch'est rin d'voir quand in est patraque 
D'alleu vit consulter ch'méd'çin
Si jamoës vous coeur est in raque
ch'est trop tard et cha n'sert à rien
In o a s'porteu in faculté d'sciences
Deux apothiquaires et in rud docteur
Si ch'n'est pon asseu ed leus compétences
Ech vétérinair'calm 'ro vous douleur .

18)                  Chés cantonniers .
Sur el route in voët inn'équipe 
Ed cantonniers in plan boulot
Ech premier  y finme inn 'bonn 'pipe
Pendant qu'l'aute à s'bouque à ch'goulot
Comme y foët fort caud in trosièm' sommelle
A l'omb 'd' in tillu in moneu plus louon
Et ch'dernier in sueur appoëe sus'pelle 
Mile afin d'savoir si ch'chef enn vient pon .

19)                  Nous p'tit train .
nous p'tit train est rud'mint pratique
Mieux qu'express et qu'train électrique 
A chaque 'gare ech ti qui lo souot
Peut deschinn' pour prinne in n'tit pot
si dins vous voyache au z'êt 's'pris d'malaise
Déchindez bien vit mettez vous à l'aise 
Et si cha va bien chinq minut's après 
Parteu à s'poursuite et ou l'rattraprez.

20)               Ech football .
chés sportifs peut'nt tous les diminches 
Admirer nous as du ballon
Qui sont pus adroits équ'des sinches
Et rétrus in p'tit patalon
Y fut 'nt déchainés certains d'el victoire 
Personne enn porrët dompter leus ardeurs
Et si l'adversair' n' veut pon s'laicher foire 
Ch'est in match ed boxe pour chés spectateurs .

21)                Chés files font du sport.
Tous chés fi's fond d'el gymnastique
Puiqu'in dit équ'cha n' r' met d'aplomb
Faut les vir n'o rien d'pus comique
Quand all's queurt'nt ch'est comm des t'chiens d'plomb
Dins ch' lot n'o queuqu' inn's tout à foët subtiles
Qui seut 'nt bien jougler aveuc in ballon
Et i faut savoir é qu'ch'est des jonn's files
Car all' s z'ont l'allure ed des vrais garchons .

22)                Chés jonnes files .
Chés jonn's fil's des nell' s pouillettes
Sont toudis bien mis aveuc rien
all' sont fièr's et surtout coquettes
chés plus drol's à s' treuv'nt tout d' mumm bien
Ah vraimint all 's'z' ont inn fameus déguinne
Quand all 's pass'nt dins l'rue claquant du talon 
In offrant au vint leu joli poëtrinne
Et in dandinant leu biau p'tit cul rond .

23)                Inn' fimme .
au début inn fimm 'ch'est aimable
cha vous foët tout 's s'sort's ed mamours
A trinte ans ch'est insupportape
Et cha n'pinse qu'à vous juer des tours
Afin qu'chés homm's euch 'nt inn vie moens amère
Et aussi l' bonheur qni z'ont mérité
I fauroët sitot qu'chaqu' finm est belle mère 
Leu donneu tous droëts pour el supprimer .

24)                 Incore chés finmes .
Inn finm' jonn n'in o rien d'plus fraiche
Ch'est coquet et pis cha sin bon 
Certains prétind'nt qu'inn finm 'cha pêche 
donc rien d'role si cha sint l' pichon 
Cha pêche à vingt ans ,cha pêche à quarante 
Au bord d'el rivière et minm dins s'mason
Est si cha n'pêch'pon quand cha n 'o soixante
Ch'est cha n 'o plus d' forch's ed zou sin cotron .